👋 Hola ! Ce vendredi, je vous emmène dans la collection impressionnante de CDs de reggaeton d’un passionné lillois du genre puis dans l’univers de Bad Gyal, qui sort son premier album aujourd’hui. Bonne lecture 💌
J’étudie à Lille depuis un an et demi et jusqu’à présent l’univers du reggaeton s’y résumait, pour moi, au Latina Café, un club oscillant entre titres de reggaeton mainstream et variétés internationales. C’était avant de rencontrer Adrien Vanbocquestal, plus connu sous le nom de Dj El Francès. Dans son appartement niché au cœur de la capitale du Nord, le Ch’ti de 47 ans collectionne depuis 20 ans les trésors musicaux du genre. « Porto Rico a changé ma vie », garantit-il, depuis son canapé. En fond : un mur rempli de CDs.
« Ce sont des pépites, qui font partie de la légende de l’underground reggaeton », débute-t-il, en dévoilant sa bibliothèque. Le passionné tient entre ses mains l’album Playero 37 (Dj Playero, 1992), considéré comme l’un des premiers enregistrements de reggaeton. « Ça, je suis fier de l’avoir », montre-t-il plus loin, en désignant une compilation 1998-2003 de Héctor y Tito. Luny Tunes, Tego Calderón, Plan B… Les artistes du reggaeton old school et underground se succèdent sur l’étagère. Dans la nouvelle génération, seul Bad Bunny semble avoir réussi à trouver une place. « J’écoute aussi Tokischa », glisse cependant le collectionneur.
Adrien Vanbocquestal présente l'album Playero 37 devant sa collection de CDs de reggaeton.
Adrien Vanbocquestal a découvert le genre musical au début des années 2000 à Porto Rico. « Le reggaeton s’y écoute dans la rue, dans les voitures à fond », rappelle-t-il. La collection débute alors, « au fur et à mesure ». « Je collectionne aussi des magazines sur le reggaeton. Ces magazines de l’époque, ça ne courrait pas les rues », ajoute-t-il. Le passionné est presque « tout seul » à écouter le genre musical dans l’Hexagone. Qu’importe : il lance une émission musicale sur Porto Rico (« Que La Que Hay ») et organise pendant plusieurs années des soirées 100 % reggaeton à Lille, au Djoloff. « À chaque fois, j’avais du monde », sourit-il.
J’ai dû passer deux fois quatre heures à bouger 5 000 CDs
Aujourd’hui, le passionné possède une centaine de disques, presque tous impossible à dénicher en France. Sur son bureau, une dizaine de CDs attendent encore de rejoindre la collection. « Ce sont ceux de mon dernier voyage », indique-t-il. Le Lillois a acheté la plupart de ses albums à Porto Rico. « Je suis allé dans un endroit underground, j’ai dû passer deux fois quatre heures à bouger 5 000 CDs », raconte-t-il. Les premiers albums de reggaeton restent en effet difficiles à trouver sur l’île. « Il y en a aussi beaucoup que j’ai acheté à New York [où vit une importante communauté portoricaine] », complète-t-il.
La collection de reggaeton n’est cependant pas la seule que possède Adrien Vanbocquestal. « C’est 10 % de ce que je collectionne », signale-t-il. Le Lillois est, entre autres, un grand amoureux de métal. Reste que Porto Rico lui « correspond » plus que tout. Une île qu’il a découverte sur un coup de tête : « J’ai rencontré une Portoricaine à une résidence universitaire de Lille […]. Un soir, elle me dit : “Il faut que tu viennes visiter mon île”. On est en 1997. Je lui claque dans la main, et je lui dis : “Je viendrai” ». Le passionné n’a jamais regretté son voyage : il y passe désormais trois mois chaque année.
🗞️ L’actu de ces 15 derniers jours : J Balvin va être le premier artiste à recevoir une statue à son effigie sur la Route du Talent, à Medellín en Colombie. Le reggaetonero doit voir sa figure inaugurée le 2 février prochain dans le cadre d’un projet visant à rendre hommage aux artistes locaux. Signe que Medellín est bien devenue l’une des capitales mondiales du genre musical.
🖊️ À noter aussi : 20 ans après le succès de « Dale Don Dale », Don Omar peine encore à concevoir le succès du reggaeton à l’échelle mondiale. « Je suis issu d'un genre qui était tellement axé sur Porto Rico, dans les rues. Et c'était tellement... Tellement à nous. Si portoricain. L'argot, nos vêtements, notre façon de communiquer, les mots que nous utilisions. Tout était très local », se souvient-il dans une interview accordée à Billboard mi-janvier.
💃 Où aller danser dans les 15 prochains jours ? Impossible de manquer la première soirée « Reggaeton Gang Fusion » de 2024 samedi prochain. Une fois tous les deux mois, le collectif Perreo Supremo investit La Machine du Moulin Rouge, à Paris (90, boulevard de Clichy) avec ses danseur·euses et son « inclusive perreo ». Ce 3 février, Perreo Supremo s’associe à Fumaça Fluxo : reggaeton à l’étage, funk brésilien au rez-de-chaussée. À partir de 16,83 euros (ouverture des portes à 23 heures).
J’avais noté la date de sa sortie dès son annonce. Bad Gyal dévoile ce vendredi 26 janvier son premier album, intitulé La Joia, sept ans après le début de sa carrière. Un disque rempli de reggaeton, de trap mais aussi de dancehall. Depuis ses débuts, la chanteuse catalane explique s’être identifiée à ce genre musical originaire de la Jamaïque. « Je dirais que le genre qui m’a le plus influencé […], qui m’a fait le plus me sentir moi-même, c’est le dancehall », expliquait-elle au micro du youtubeur portoricain Chente Ydrach en novembre 2023. Avant de poursuivre : « Évidemment, j’ai découvert le reggaeton avant le dancehall parce que quand Daddy Yankee, Don Omar ont une audience mondiale, ça arrive en Espagne ». Bad Gyal fait en effet partie de cette génération espagnole bercée aux titres des reggaetoneros et reggaetoneras. « C'est ce qui a fait que notre génération se soucie moins de la danse ou des femmes qui s'expriment avec leur corps », estimait-elle auprès du Guardian en 2018. L’intérêt de la chanteuse pour ces genres musicaux a posé la question de l’appropriation culturelle. « La musique que je fais n’est pas purement dancehall […]. Je l’aime [le dancehall], je le respecte, mais je ne me mets pas dans la même case parce que je ne suis pas jamaïcaine, je suis espagnole », répondait-elle au magazine Dazed. La Catalane revendique avoir sa propre « vibe ». Une vibe à l’esthétique des années 1990/2000 (« Flow 2000 »), à l’egotrip bien présent (« Sin Carné ») et aux thématiques résolument féministes (« Zorra »).
« Los 12 Discípulos », Eddie Dee x Daddy Yankee, Gallego, Tego Calderón, Voltio, Ivy Queen, Johnny Prez, Wiso G, Zion & Lenox (2004) : « Eddie Dee, c’est le premier artiste que je vais mettre dans la playlist ! », s’exclame le collectionneur. La chanson est aussi le titre d’un album collaboratif entre le chanteur de Porto Rico et plusieurs stars du reggaeton de l’époque. Un vrai bijou.
« Felina », Héctor y Tito (2002) : Pour s’initier à la compilation Season Finale 1998-2003 du grand duo du genre.
« Tra Tra Tra », Don Cheniza (1998) : « Le “tra”, on l’entend beaucoup dans les morceaux de reggaeton. Ca réchauffe l’ambiance », conseille enfin le passionné.
Bonne écoute ! 📀
👋 C’est la fin de cette édition ! Je vous donne rendez-vous dans 15 jours, le 9 février prochain, pour encore plus de reggaeton. D’ici là, pour toutes questions ou recommandations, n’hésitez pas à me contacter par mail (ugu.lola@gmail.com). À très vite ! :)
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